Être photographe en immobilier, c'est bien plus que vendre de simples photos ...
- Timothée Wojtkowiak
- 15 oct. 2024
- 5 min de lecture

Photographe immobilier depuis maintenant trois ans, je vous raconte mon parcours jusqu'à présent, mes aspirations pour l'avenir, dans un secteur, la photographie immobilière, qui peine à se renouveler et à faire valoir ses avantages pourtant bien réels.
Interview issue de mon compte Linkedin
En quelle année vous êtes-vous lancé en tant que photographe immobilier ?
Je me suis lancé dans la photographie de manière très diversifiée en 2021, juste après la pandémie de COVID, sans réelle corrélation avec celle-ci. J'ai testé le domaine du mariage, les shootings EVJF, les portraits… J'ai réalisé les photos de ma première maison au même moment près de Bernay.
Pensez-vous que cela a été révélateur de ce que vous souhaitiez faire le plus dans votre domaine ?
Non, en fait, c'était plutôt un sentiment inverse, surtout en termes de possibilités de carrière. En me rendant dans cette maison, je me disais la même chose que beaucoup de professionnels peuvent penser aujourd'hui : on peut réaliser les photos soi-même, on a déjà la technologie pour le faire, à quoi bon demander un photographe ? J'étais très loin de comprendre qu'il y a une différence entre la prétention de ce qu'on estime savoir faire et ce qu'on apporte réellement.
C'est-à-dire ?
En 2022, peu de temps après avoir démarré mon activité, une entreprise réalisant des shootings immobiliers à Paris a eu besoin d'une main supplémentaire pour remplacer un congé maternité, mais aussi pour aider régulièrement (encore aujourd'hui) car c'était après la pandémie, à un moment où il y a eu une explosion sans précédent des transactions immobilières et, par la même occasion, des demandes de shooting. C'est avant tout un travail de retouche photo que je réalise par rapport aux shootings réalisés par les photographes sur place.
Comment s'est passée cette expérience ?
Très mal au début (rire), j'en rigole aujourd'hui car c'est en réalité bénéfique pour moi à présent. Je me suis retrouvé confronté à ce que je pensais être dépassé à tort (réaliser des photographies immobilières) mais aussi aux préjugés que les professionnels de ce secteur peuvent eux-mêmes partager : l'usage des smartphones, la facilité, l'automatisme et, aujourd'hui, l'intelligence artificielle. Tous ces mots sont souvent utilisés à tort et à travers. La réalité est que le côté artisanal résiste encore et vaut toujours bien plus. Il m'a fallu plusieurs mois pour découvrir toutes les facettes de ce métier, et des résultats qui font toute la différence pour donner des images haut de gamme et une plus-value pour les professionnels du secteur, non négligeable, qu'il est en réalité difficile d'obtenir sans réelles connaissances.
La balance des blancs, la gestion des contre-jours, le choix des plans, la suppression des défauts… Autant de détails qui font basculer une simple photo en véritable œuvre d'art, permettant de susciter l'attention de potentiels acheteurs lorsque le bien sera mis en vente et qui donnent une image bien plus enviable à celui ou celle qui vend le bien.
Qu'est-ce qui vous a fait prendre conscience qu'il y avait quelque
chose à explorer dans ce domaine ?
Dans un premier temps, et c'est toujours le cas aujourd'hui : la qualité. Ce n'est en réalité pas le premier argument que je ferais valoir, car c'est aussi là-dessus que de nombreuses entreprises, comme Matterport par exemple, mettent en avant pour vendre leurs produits, qui peuvent certes donner une bonne qualité, mais qui sont clairement limités lorsqu'il est nécessaire de fournir un vrai rendu réaliste et authentique.
Tout comme pour moi, avoir un appareil photo à plusieurs milliers d'euros ne veut pas dire que l'appareil fera tout, tout seul. Il est important de se dire que le vrai travail se passe après, lors de la retouche photo.
D'autant plus, toute entreprise proposant des technologies facilitant la prise de vue pour les professionnels de l'immobilier oublie de dire que l'on dit aussi à ces pros de se débrouiller tout seul... Ce qui me fait doucement rire, car la technologie est censée nous libérer et pas nous faire travailler plus.
En tant que photographe, nous sommes équipés et valons moins cher par prestation que l'achat d'un appareil et de tous les accessoires, logiciels et le temps que cela demande. Car oui, c'est un travail et non un métier passion.
L'automatisme ne fait pas tout, je le constate tous les jours sur des prises de vues réalisées par différentes agences avec leur propre matériel.
Mais il n'y a pas que ça ?
Non, et heureusement. J'en parle sur mon blog : https://www.timotheew-photographie.art/post/pourquoi-demander-un-photographe-en-immobilier
C'est humain, s'entourer d'autres professionnels fait aussi de vous une agence ou un négociateur immobilier de choix, car vous montrez à vos clients que vous mettez toutes les chances de votre côté pour vendre le bien qu'on vous demande de vendre, en lui donnant de la valeur.
Et ça ne s'arrête pas là, mais pour ça, je vous laisse lire l'article...
Quel est l'état de ce marché ?
On ne va pas se mentir, il n'est plus celui d'hier, mais il n'est pas mauvais. Il peine surtout à se renouveler et il est aujourd'hui préférable de rencontrer directement les pros, de leur expliquer notre démarche et les avantages, car beaucoup, comme je le disais précédemment, ont oublié ce qu'ils ont à gagner.
C'est un marché qui se provoque en allant le chercher, en le construisant ; on vient rarement nous chercher. Cependant, je constate ces derniers temps que de plus en plus de professionnels sont pour le "chacun son métier". L'immobilier est un secteur aussi très concurrentiel et menacé par des technologies (visites 360°, agences low-cost) qui peuvent affecter les postes de ce secteur.
Et même si certains négociateurs réalisent des premiers shootings eux-mêmes, ils nous demandent quand même derrière pour peaufiner. Preuve qu'il faut être très méticuleux et ne rien laisser passer pour faire la différence et susciter l'intérêt (une phrase qui m'est souvent revenue de la part d'autres professionnels photographes).
Que faut-il faire aujourd'hui pour être un professionnel de choix ?
Le rapport qualité (photo)/prix, la disponibilité et la rapidité font toute la différence. N'oublions pas que nous sommes dans un marché où une simple tape sur son smartphone suffit et où tout peut s'envoyer rapidement en ligne.
Les connaissances techniques sont également cruciales, car chaque serveur qui reçoit les photos va plus ou moins maltraiter celles-ci. Dans un monde où l'on vend des appareils photo à 100 millions de pixels, certains serveurs ne font qu'une bouchée des images et les dégradent fortement pour les adapter en ligne.
Il faut s'adapter régulièrement, tenter de nouvelles technologies. L'IA, par exemple, m'a permis de supprimer des défauts sur plusieurs photos pour les rendre plus neutres ; il ne faut pas en avoir peur mais bien l'utiliser, sans croire que cela fait tout à notre place, comme je le disais précédemment. Il y a toujours des limites technologiques et physiques.
Il est aussi important de se dire que le prix des prestations ne peut pas être le même qu'à l'époque. Les applications et autres technologies rivalisent fortement à ce niveau-là. Mais en réalité, tout est payant et passer par un pro est pour moi plus judicieux et avantageux, surtout sur un marché où les prix de l'immobilier peuvent être très élevés et où, lors d'une vente, le prix de la prestation du photographe est largement rentabilisé. Sans oublier que c'est un service rendu et que nous sommes là pour libérer les pros de cette tâche, pour leur permettre de se concentrer sur autre chose, et il y a de quoi faire.
Que souhaitez-vous pour l'avenir ?
Plus de clients (rire), continuer de développer mon réseau naturellement. Remettre aussi cette activité en avant, la défendre comme le reste du milieu de la photographie. J'ai fait le pari depuis le début de pouvoir redonner de l'intérêt aux négociateurs immobiliers de passer par des professionnels, et je souhaite le prouver. Pour moi et d'autres pros qui travaillent aussi dans la photographie immobilière, cela a un intérêt, mais il faut chercher plus loin que la simple prise de vue. À nous de faire la différence.
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